Jour 7 – Ombres et lumière
MARDI 4 GERMINAL 1226
Le Dôme de la Jurade – Bordeaux – Jour 7 – Ombres et lumière
Le soleil réchauffe nos visages et nos cœurs, nous faisant parfois oublier que nous sommes en guerre. Mais de quelle guerre s’agit-il ? Invisible et palpable à la fois, elle est pourtant là, bien là.
Nous pouvons entendre les hommes en armes circuler dans les rues de la ville, les visages crispés, les tensions s’accumuler…
« Aïe ! » criai-je en me frottant la tête.
« Il n’y a qu’une seule personne capable de viser aussi bien depuis la rue…Eulalie ! » grognai-je depuis ma chambre.
Je m’approchai de la fenêtre, cherchant son allure féline aux abords de ma maison.
« Par ici Côme ! » glissa-t-elle discrètement.
« Où m’emmènes-tu Eulalie ? » dis-je, haletant, alors que nous nous faufilons dans les ruelles sombres d’un Bordeaux presque endormie.
« Tu n’as pas entendu les soldats depuis des jours ? Les jurats vont recevoir le nouveau Sénéchal de Gascogne, les conseillers du roi et même le Berger d’Aspe, qui ne se déplace jamais sans ses 7 meilleurs chevagnards. Autant de gens importants dans notre ville, tu ne trouves pas ça étonnant toi ? » me dit-elle d’une voix qui avait du mal à cacher son excitation.
« Eulalie !! Cache-toi, des gens arrivent ! Vite ! ». Littéralement collée contre la fenêtre du Dôme, immense bâtisse bombée, entièrement faite de bois, Eulalie essayait tant bien que mal d’apercevoir ces légendes vivantes.
Mais que faire ? De l’autre côté de la rue, caché derrière les barriques de vin, je voyais, impuissant, des ombres immenses grandir pas à pas et s’approcher d’Eulalie. Leurs formes me faisaient penser à des bêtes gigantesques, prêtes à ne faire qu’une bouchée d’elle…il fallait prendre une décision, je serrai mon fidèle lance-pierre dans la main et…