Squid Game
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Squid Game : la série devenue phénomène

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5 novembre 2021

La série phénomène de 2021 est parvenue à conquérir le cœur des spectateurs du monde entier en un rien de temps. Seulement 17 jours après sa parution, la série Netflix cumulait plus de 111 millions de visionnages, et était en tête de tendance dans près de 80 pays. Un record qui a rapidement transformé Squid Game en un phénomène mondial qui interroge.

Squid Game Affiche

Métaphore de la société

Le principe de Squid Game est simple : les 456 joueurs de ce jeu de massacre ont été sélectionnés sur leur dette afin de participer à six épreuves mortelles. Seong Gi-hun, le n°456, va se retrouver confronté à la fois à d’anciennes amitiés, à la convoitise, mais aussi à la violence. Car pour celui ou celle qui parviendra à triompher des six jeux, un butin d’un total de 45,6 milliards de wons (environ 32 millions d’euros) l’attend.

Métaphore de la société sud-coréenne et des difficultés financières de certains de ses habitants, Squid Game possède un propos universel. En effet, toutes les sociétés rencontrent des problèmes d’argent plus ou moins énormes. Jusqu’où peut-on aller pour se sortir de l’enfer et de la pauvreté ? Si cette façon d’aborder le problème semble assez naïve, elle cache des réalités autrement plus violentes : l’impossibilité de s’en sortir lorsque l’on met le doigt dans l’engrenage des dettes, poussant les citoyens à emprunter de plus en plus sans espoir de rembourser ; les problèmes de jeux (la série s’ouvre sur une scène éloquente à ce sujet) et de paris sportifs ; mais aussi le jugement de l’autre, sur ses critères sociaux. Malgré les différences culturelles, visibles aussi dans la série, ses thématiques sont universelles : la lutte des classes et l’égalité des chances.

Inspiration et jeux dans Squid Game

Par bien des aspects, la série est parvenue à toucher un grand nombre de personnes. Outre la machine Netflix et ses plus de 200 millions de compte et donc potentiellement au moins autant, sinon plus, de spectateurs, Squid Game a su tirer son épingle du jeu. Comment ? Grâce à son propos, mais aussi et surtout à sa mise en scène.

Le côté ludique (même si mortel), le mélange de téléréalité et de propos sociétaux, le tout allié à des personnages plus ou moins attachants rendent les épisodes captivants. Outre l’utilisation des codes actuels, Squid Game s’inscrit dans le prolongement d’autres productions : Battle Royale en 2000, l’explosion des mangas de jeux de massacre (Judge, Doubt, Darwin’s Game, et pleins d’autres), un Koh Lanta version trash (avec le même principe de faim, de soif, d’épreuves physiques), mais aussi Westworld où les humains riches peuvent aller maltraiter des robots dans un parc d’attraction parce qu’ils s’ennuient.

Battle Royale Affiche

C’est aussi grâce aux réseaux sociaux que Squid Game s’est démarqué. Une campagne de marketing virale, mais aussi l’enthousiasme des spectateurs, notamment sur Twitter, a rapidement fait effet boule de neige. Le potentiel de mèmes ou de détournements de la série, ou encore le #squidgame, et les réseaux sociaux ont fait le reste, montrant leur puissance en termes de communication.

Un monde enfantin ?

D’une façon détournée, Squid Game évoque aussi la cruauté des enfants : car toutes les épreuves sont des jeux enfantins, issus de la culture coréenne pour certaines (comme la fameuse épreuve de l’épisode 2 ou le jeu du calmar qui a donné son nom à la série). L’univers coloré et de fête foraine reprend des codes couleurs et de formes qui sont propres à l’enfance. Le décalage qui nait de la confrontation entre ces jeux et la violence des épreuves (et des conséquences de la défaite) provoque un électrochoc et devient d’autant plus palpitant pour le spectateur. Le tout devient extrêmement mémorable : la simplicité des formes, des codes couleurs, des uniformes (même s’ils reprennent des codes sociaux spécifiques, les combinaisons des participants étant des uniformes de sport d’écoliers coréens) s’impriment dans la mémoire et deviennent immédiatement identifiables et reconnaissables.

Squid Game : une exception ?

Boutique éphémère à Paris (ayant d’ailleurs créée des émeutes et des affrontements du fait de sa popularité), poupée géante aux Philippines, épreuves recréées en Corée du Sud… le dispositif promotionnel est énorme, et souvent victime du succès flagrant de la série. Jeff Bezos n’hésite pas à tweeter qu’avec tout ça, il est intrigué et va sous peu regarder la série (tweet rapidement moqué ou craint, notamment en lien avec le pourquoi de la création des Squid Game dans la série). Mais Squid Game serait-elle une exception ?

Dans un premier temps, Squid Game s’inscrit dans une dynamique globale d’œuvres ayant pour thème une critique acerbe de la société capitaliste et de ses inégalités ainsi générées. N’oublions pas que Parasite, film Sud-coréen, a obtenu la Palme d’Or en 2019, à l’unanimité. Difficile de ne pas penser à La Casa de Papel, autre série à succès qui n’est pas anglophone et dont le succès a été conséquent. Cependant, en termes de chiffres, cela n’a rien à voir : nous l’évoquions, en 17 jours, ce sont près de 111 millions de comptes touchés (c’est d’ailleurs la première série a dépassé les 100 millions en moins d’un mois). La Casa de Papel a atteint les 82 millions dans le mois suivant sa sortie.

La Casa De Papel

Si Squid Game fait figure d’exception, il s’agit en l’occurrence d’un véritable moteur : pour d’autres séries qu’elle entraine dans son sillage. Parce que l’algorithme de Netflix tend à mettre en avant des séries en lien avec les derniers visionnages, l’excellent Alice in borderland se glisse dans le sillage de Squid Game (avec des thématiques proches), série adaptée du manga japonais du même nom. D’autres séries ou films sud-coréens s’insèrent dans cette dynamique, comme My Name, sorti après Squid Game, par exemple.

Un phénomène qui va se poursuivre ?

Une saison 2 est en effet envisagée par les créateurs. La fin de la saison 1 laisse suffisamment de place aux théories, aux rumeurs et l’engouement pour l’univers de Squid Game ne fait pas beaucoup de doutes quant au succès futur d’une suite.

Cependant, la série, en plus de remuer les foules, a montré certaines limites de Netflix, notamment dans sa traduction, son adaptation ou le gommage de codes sociaux différents des occidentaux. Plusieurs personnes sur les réseaux sociaux ont noté ces différences de traductions qui ont tendance à gommer des sous-textes culturels ou simplement à modifier l’impact de certaines lignes de dialogues. La TikTokeuse Youngmi Mayer a d’ailleurs mis en avant ces différences dans plusieurs vidéos et sur son compte Twitter. Un personnage qui reprend l’accent nord-coréen sous le coup de l’énervement ou des phrases évoquant des soucis d’accès à l’éducation… Un problème qui a été soulevé pour Squid Game mais qui est aussi présent dans d’autres séries non anglophones (oui, comme La Casa de Papel, pour reprendre un exemple déjà cité ici).

Ainsi, une saison 2 parviendra-t-elle à corriger cela ou à en jouer pour une fois de plus détourner le système ? Suspense. Nous verrons cela lors de la sortie de la nouvelle saison.

Squid Game

Retrouvez notre dernier article, consacré au studio MAKMA, le studio de création et de traduction de BD, mangas, comics et webtoons en Nouvelle-Aquitaine.

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