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Dossier Cyberpunk 1/3 : le transhumanisme

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27 février 2023

Dans le cadre de la thématique « Utopie et Dystopie » que nous explorons lors des festivals Angers Geekfest (1er et 2 avril 2023) et Bordeaux Geekfest (19, 20 et 21 mai 2023), nous entamons un dossier consacré à l’un des genres les plus emblématiques de la dystopie : le cyberpunk.

Pour le définir simplement, le cyberpunk est « un sous-genre de la science-fiction qui traite de l’intégration de la société et de la technologie dans des contextes dystopiques, en mettent en scène des marginaux (punks) qui luttent contre les oppresseurs de la société (généralement des méga-corporations qui contrôlent tout) par des moyens technologiques (cyber) », comme l’explique Julien Djoubri.

Julien Djoubri fait partie de l’équipe Geek-Art, qui a participé aux trois premiers M42. Il est aussi le créateur de Pop-Ubik, qui met en avant des artistes et des projets originaux chaque semaine ! Passionné par l’art, la pop culture et l’illustration, il apprécie tout particulièrement l’esthétique cyberpunk.

Dans le M42 : Utopie et Dystopie, il y consacre un article complet.

Et pour continue à explorer ce genre incontournable, il nous offre une série de trois articles qui détaillent les trois grands thèmes  sur lesquels reposent les histoires cyberpunk. Débutons avec le transhumanisme !

Logo Pop Ubik

Le transhumanisme, une question philosophique

Le transhumanisme est un mouvement philosophique qui prône la transformation de la condition humaine en développant et en rendant largement disponibles des technologies sophistiquées capables de modifier ou d’améliorer considérablement l’intelligence et la physiologie humaines. Cela mène à ce que les scientifiques appellent la « singularité », dans laquelle la croissance technologique devient incontrôlable et la frontière entre l’humanité et la technologie s’estompe irrévocablement. 

NietzscheL’humanisme signifie que l’être humain est au centre de toutes les pensées. Pour aller plus loin, le transhumanisme signifie que l’être humain, tel que nous le connaissons, est aboli et est ensuite redessiné ou transformé. Amélioré, bien sûr. Nietzsche peut être vu avec son « surhomme » comme un père du principe originel : « L’homme est quelque chose qui doit être dépassé. ».

 

À partir de là, il y a deux interprétations possibles : Le transhumanisme est-il un remodelage de l’être humain, avec un objectif final auquel l’être humain précédemment vivant doit se soumettre ? Ou bien s’agit-il d’un changement fondamental de l’être humain, d’un développement constant avec des fondements moraux orientés vers les valeurs morales ? 

Pour Nietzsche, contrairement à ce que l’on croit généralement, c’est cette dernière conception qui compte. Le but ultime ne doit pas être le nouveau surhumain. Il ne devrait pas y avoir de but final du tout. Il s’agit plutôt de la dynamique avec laquelle l’Homme se débarrasse des vieilles conventions et normes qui dominent le présent, et acquiert ainsi son indépendance. L’être humain crée sa propre position de lui-même, s’introduisant dans un monde qui l’étonne, qui est magique. Au mieux, le transhumanisme consiste à surmonter de vieux schémas – et non à viser un but final. 

La technologie comme outil de progrès humain

De l’humanisme au transhumanisme

Le transhumanisme peut être considéré comme une extension de l’humanisme, dont il est partiellement issu. Les humanistes croient que les humains sont importants, que les individus sont importants. Nous ne sommes peut-être pas parfaits, mais nous pouvons améliorer les choses en promouvant la pensée rationnelle, la liberté, la tolérance, la démocratie et le souci de nos semblables. Les transhumanistes sont d’accord avec cela, mais soulignent également ce que nous avons le potentiel de devenir. Tout comme nous utilisons des moyens rationnels pour améliorer la condition humaine et le monde extérieur, nous pouvons également utiliser ces moyens pour nous améliorer nous-mêmes, l’organisme humain. Ce faisant, nous ne sommes pas limités aux méthodes humanistes traditionnelles, telles que l’éducation et le développement culturel. Nous pouvons également utiliser des moyens technologiques qui nous permettront à terme d’aller au-delà de ce que certains considèrent comme « humain ». 

Deus Ex - Human Revolution

Demain est aujourd’hui

À mesure que les idées transhumanistes sont passées de la théorie à la réalité à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, les préoccupations éthiques ont pris une place de plus en plus importante dans la philosophie transhumaniste. Les percées scientifiques – notamment les thérapies à base de cellules souches, la fécondation in vitro, les puces cérébrales, le clonage animal, les exosquelettes (par exemple, les bras robotisés), l’intelligence artificielle et la génomique – ont réorienté le dialogue entre les partisans et les détracteurs du transhumanisme du futur vers le présent. 

Les partisans du transhumanisme affirment que les technologies émergentes peuvent être utilisées pour éliminer les maladies et améliorer la vie humaine, ainsi que pour apporter des solutions aux problèmes mondiaux urgents. Par exemple, les puces cérébrales et le « téléchargement de l’esprit » – à l’origine les rêves fantaisistes de ceux qui recherchent une forme d’intelligence infinie ou d’immortalité par l’extension informatique de la conscience – pourraient être utilisés pour guérir ou surmonter des troubles neurologiques tels que la démence, la maladie d’Alzheimer et la paralysie. De même, les effets catastrophiques probables du changement climatique ont incité certains transhumanistes à promouvoir la colonisation de l’espace. Les critiques ont rétorqué que la réalisation de l’objectif transhumaniste de ralentir ou d’inverser le vieillissement et d’allonger la durée de vie des êtres humains ne ferait qu’aggraver la surpopulation – ce à quoi un transhumaniste pourrait réaffirmer la nécessité d’établir des colonies humaines sur Mars (coucou Elon). 

Colonisation Mars

De la théorie à la croyance

Bien que le transhumanisme ait été caractérisé comme une philosophie matérialiste, athée ou agnostique, certains transhumanistes ont épousé des théories qui ressemblent aux croyances New Age, bouddhistes ou chrétiennes, voire les adaptent. Dans The Physics of Immortality (1994), par exemple, le physicien américain Frank Tipler a emprunté à la théorie du point Oméga du théologien jésuite et paléontologue français Pierre Teilhard de Chardin – qui propose que l’évolution converge vers une unité finale – pour présenter un concept de Dieu comme une intelligence cosmique informatisée équivalente à l’Oméga. Lorsque le point Oméga sera atteint, chacun fera l’expérience d’une résurrection informatique vers l’immortalité.

 

The singularity is near

Dans The Age of Spiritual Machines (1999), le futuriste et informaticien américain Ray Kurzweil a prédit que les machines non seulement dépasseront l’intelligence humaine mais sembleront développer un libre arbitre et avoir des expériences émotionnelles et spirituelles. Dans The Singularity Is Near (2005), Kurzweil a développé cette théorie pour prédire une singularité imminente, dans laquelle l’intelligence humaine fusionnera avec l’intelligence artificielle et toutes les maladies, le vieillissement, les maux sociaux et la mort seront inversés, résolus ou éliminés. Kurzweil a prédit que la singularité serait atteinte en 2045. 

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