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Manga : la prépublication au Japon et les particularités du Shonen Jump

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17 mars 2022

Comment sont choisis et publiés les mangas au Japon ?

Être mangaka au Japon n’est pas une mince affaire. Ce métier est le reflet d’un travail de longue haleine. Avec l’explosion de cette œuvre nippone, nous vous proposons l’explication quant au fonctionnement de cet univers bien singulier, en regard de ce que l’on peut voir dans l’hexagone.

Shonen Jump couverture

Les premiers pas

BakumanCertains auront lu ou vu le manga intitulé Bakuman. L’œuvre est centrée sur le système de prépublication du Shonen Jump. Il faut savoir que malgré un côté très shonen et épique, le système conté dans l’œuvre est plutôt bien retranscrit. Dans les colonnes du CAD nous allons prendre le temps de vous détailler ce processus et vous donner quelques spécificités. Pour commencer, il faut avoir quelque chose à raconter. Ça parait évident mais finalement ce premier point est extrêmement important sur une chose, cette histoire et son genre permettent de voir quel magazine sera le plus adapté à votre style.

Car oui, au Japon, les mangas sont d’abord publiés sous forme de chapitre dans un magazine avec un rythme de publication différent et un style prédominant différent puisque shonen, shojo ou seinen ne sont pas publiés aux mêmes endroits. Cependant, un magazine fait toujours partie d’un éditeur qui détient une floppé d’autres magazines couvrant souvent tous les genres.

 

 

On a souvent un style qu’on aime lire et le rêve d’être publié dans un magazine en particulier, celui qui nous a fait découvrir le manga ou encore qui a bercé notre enfance et accompagné nos rêves, celui qui détient nos mangas favoris. Par la suite il faut produire ce qu’on appelle un one-shot, un manga qui ne s’étendra que sur un tome, voire même pour le premier qui ne dure qu’une cinquantaine de pages. Et c’est à ce moment  qu’un tri s’effectue car, comme on peut l’imaginer, beaucoup de mangas sont présentés et très peu sont choisis. Les éditeurs prennent les œuvres qu’ils jugent à potentiel et qui pourraient séduire le public. Après cette première sélection, rien n’est encore joué car le one shot sera souvent proposé soit dans le magazine pour avoir un retour soit dans un concours et le gagnant se voit publié par la suite. 

Collection manga

La sérialisation

Un mangaka n’obtient pas une place dans les colonnes d’un magazine sans livrer une bataille. L’objectif qui arrive est donc d’obtenir une sérialisation dans le magazine, une tâche bien moins simple qu’il n’y paraît puisque nombreux sont ceux à y prétendre. Et le plus compliqué n’est même pas l’étape précédente mais finalement de tenir cette sérialisation.

Eh oui, être mangaka c’est une bataille constante d’abord envers soi-même car une régularité et une rigueur hors-norme sont nécessaires pour respecter la deadline sur le rendu des planches. Il faut garder en tête que la plupart des magazines les plus prestigieux tiennent un rythme hebdomadaire et il faut donc être capable de rendre un chapitre chaque semaine, un travail colossal mais qu’il faudra réaliser soigneusement pour un mangaka débutant. Dans le meilleur des cas, la sérialisation se passe bien, au fur et à mesure des chapitres, les premiers tomes reliés arrivent et même l’adoubement ultime d’une adaptation en animé, comme pour Tokyo Revengers.

Tokyo Revengers : Couverture actuelle

Le maintien ou l’annulation

Il faut savoir que la pérennité d’une œuvre dans son magazine est constamment remise en cause. Un facteur important pour la plupart est la vente de ses tomes reliés. Les chiffres des ventes sont rapportés par l’entreprise Oricon et sont donc un très bon indice pour voir si un manga va survivre ou pas dans un magazine. Certains éditeurs ont décidé de rajouter un facteur en plus des ventes. Ce facteur est notamment utilisé dans un magazine désormais légendaire mais connu pour son côté impitoyable : le Shonen Jump.

Le Shonen Jump est donc le magazine hebdomadaire de la maison d’édition : la Shueisha. Ce dernier est connu pour avoir accueilli des oeuvres majeures comme Dragon Ball, One Piece, Naruto, Ken le Survivant ou les plus récents Jujutsu Kaizen et Demon Slayer. La particularité du Shonen Jump est donc qu’il ne prend pas seulement en compte les chiffres de ventes, puisque le magazine a mis en place un système de classement par popularité. Ainsi, un lecteur trouvera un papier à remplir et retourner avec le classement des chapitres qu’il a préféré. Ce classement influe beaucoup sur la longévité de certaines séries pouvant aller jusqu’à mettre fin à une série de manière prématurée. Un système qui met donc en avant les lecteurs mais qui n’est pas sans faille. 

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Le Shonen Jump : un système en faillite ?

Il est évident que tout système a des avantages mais aussi des faiblesses. Par exemple, le système du Shonen Jump a l’avantage d’écouter sa communauté. Grâce aux résultats du classement, une œuvre est plus facilement mise en avant et donc une nouveauté qui se retrouve au début du magazine va intriguer et probablement séduire de nouveaux lecteurs. Le souci, et ce n’est qu’un petit mot, est quand le Shonen Jump est rempli d’œuvres que le public adore et que certaines œuvres assez longues, notamment One Piece, prennent une place dans le top de manière systématique.

Il devient donc de plus en plus compliqué de se faire une place dans le Shonen Jump et de nombreux mangas, parfois prometteurs et parfois moins, sont très rapidement stoppés à cause de ce classement. Actuellement, il est compliqué d’atteindre un top 5 avec comme concurrents One Piece, Jujutsu Kaisen, My Hero Academia, Black Clover et Dr Stone. Il est vrai que dans ce cas rentrer dans ce top et encore plus y rester montre le potentiel et les attentes sur une œuvre.

Dr Stone

En plus de cela, le Shonen Jump ne laisse que peu de répis et, des cas comme Hunter x Hunter qui est absent depuis maintenant plus de 2 ans ou encore, One Piece dont l’auteur prend une semaine de pause tous les mois sont des plus rares. Cette exigence pour se voir aussi rapidement annulé, avec parfois un manga fini en seulement 2 ou 3 tomes reliés, a tendance à repousser certains auteurs, se tournant alors vers certains grands magazines plus flexibles. Réussir dans le Jump devient alors un véritable défi, presque un exploit selon les périodes.

Alors qu’en est il de cette méthode ? Est-elle la bonne ? Pour l’instant on tend à dire que oui vu le nombre de grands mangas sortant des colonnes de ce magazine. Mais qu’adviendra-t-il si le Jump n’arrive pas à se renouveler alors que My Hero Academia se finit cette année, et que Dr Stone vient de se terminer. Seul le temps nous aidera à savoir si le Jump est en pleine transition ou s’ il n’arrivera pas à se renouveler.

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