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L’origami, entre le vol de la grue et le tranchant de la lame du samouraï

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21 mars 2018

Animasia « Hors les murs » Japon 2018

L’origami, au-delà des jeux dans la cour de récréation

Envoyer voler un avion en papier ou faire travailler notre imagination pour aller chercher des gages à écrire sur une cocotte. Voilà quelques-unes des applications les plus courantes de cet art historique qu’est l’origami. Voilà que des souvenirs d’enfance nous reviennent ! Voire d’adultes, vieux enfants que nous sommes.

« Origami » vient de « oru » pour plier et de « kami » pour papier. C’est le nom japonais de l’art du pliage du papier. Avec notamment le kirigami (technique du papier découpé), il est l’un des différents arts du papier. L’appellation « chiyogami » (façonnage du papier) les regroupe tous.

Origami

En plus d’être l’un des plus anciens arts populaires du Japon, l’origami a très vite trouvé une place importante dans la religion. Et ce autant du côté du shintoïsme que de celui du bouddhisme. Ainsi, lors des cérémonies, on scellait les récipients de saké à l’aide d’une feuille de papier plissée utilisée comme bouchon d’apparat. Tandis que l’on utilisait deux papillons en origami lors des mariages. Ils représentaient les deux époux et symbolisaient leur union que l’on reconnaissait alors sacrée.

C’est d’ailleurs probablement par des moines bouddhistes que cet art a été apporté de la Chine au Japon pendant l’ère d’Edo (1603 – 1867). Il y trouva alors un nouveau nom et pu s’y développer. Le travail de plusieurs artistes permet encore aujourd’hui à l’origami d’évoluer et de se diversifier. Akira Yoshizawa (1911 – 2005), précurseur de l’origami moderne et considéré comme maître dans cet art, en fait partie.

Un exemple parmi tant d’autres : une grue pour la paix

Origami 1000 gruesIl nous faut maintenant citer une figure d’origami parmi les plus populaires au Japon. Tournons-nous sans douter vers la grue.

Une légende japonaise énonce : « Quiconque plie mille grues de papier verra son vœu exaucé. ». La jeune survivante d’Hiroshima, Sadako Sasaki, entendit cette phrase. Elle décida alors d’entamer ce long travail de pliage, dans l’espoir de guérir. Elle disparut cependant suite à une leucémie en 1955, à l’âge de 12 ans. Laissant derrière elle 644 grues déjà conçues. Ses camarades de classe se chargèrent de plier toutes celles restantes. Et l’on enterra la jeune fille avec une magnifique guirlande de 1000 grues. Une statue de granit à son image se dresse aujourd’hui dans le parc de la paix d’Hiroshima. La jeune fille s’y tient les mains ouvertes, un vol de grue de papier au bout des doigts. Dès lors, la grue en origami est devenue, jusqu’à aujourd’hui encore, un symbole de paix. Chaque année, des milliers de guirlandes de mille grues viennent orner la statue.

Quelques bases techniques

En origami, on part souvent d’une feuille carrée sur laquelle on ne pratique, généralement, ni collage ni découpage. Les modèles d’origami commençant souvent par une même succession de plis, plusieurs bases fréquemment utilisées (comme celles de l’oiseau ou du poisson par exemple) sont répertoriées dans un « solfège » de pliage. S’en suit une série de plis de base plus ou moins longue. Les plis sont classés sous différents termes et catégories, les plus aisés à réaliser étant les plis vallée et montagne. Le schéma le plus aisé à suivre pour donner forme à un origami porte le nom de diagramme : il s’agit d’une représentation chronologique des différentes étapes à suivre. Un schéma plus simple à réaliser mais sur lequel il est plus difficile de se baser existe aussi : celui du crease pattern. Les plus aguerris se réservent l’utilisation de cette technique.

Certes les bateaux, grues, nénuphars et autres poissons sont relativement accessibles au tout venant. Mais la réalisation d’un dragon ou d’un samouraï peut s’avérer beaucoup plus complexe. Le travail peut même demander des heures de travail. Un papier métallisé spécial, le papier sandwich, ainsi que des techniques particulières comme celle du papier mouillé sont réservées aux plus expérimentés et permettent une optimisation du nombre de plis ou la création de reliefs et de de courbes intéressantes.

Origami Dragon

L’origami comme ambassadeur de la culture japonaise : Kubo et l’Armure Magique

Les religions japonaises sont très souvent intimement liées à l’animisme, ce concept qui affirme que toute chose (végétale, animale, ou minérale) possède une âme. Étant un film d’animation en stop-motion (image par image), Kubo et l’Armure Magique (Travis Knight, 2016) propose donc une représentation assez intéressante de cette idée. Il insuffle une âme à des figures inanimées de bois ou de papier qui nous apparaissent vivantes à l’écran.

En dehors de ça, le film constitue dans son ensemble un véritable hommage à la culture japonaise, et ce au travers de nombre de ses aspects. C’est ainsi que Kubo joue du shamisen, une sorte de guitare japonaise. Mais ce n’est pas tout puisqu’il possède un pouvoir magique ! « Quel est-il ? » me demanderez-vous. Et bien il est capable d’animer des figures d’origami lorsqu’il joue du shamisen. Ce qui lui permet de narrer l’histoire de son père, le samouraï défunt Hanzo, à des villageois médusés. En insufflant la vie à des figures de papier inanimées, Kubo se fait ainsi métaphorique de l’équipe derrière le film, et l’origami devient le média choisi pour permettre, chez le spectateur, la pleine compréhension du caractère magique de l’animation. La culture japonaise prend alors vie sous les doigts du réalisateur Travis Knight comme sous ceux de Kubo.

Kubo et l’Armure Magique

Des planeurs vers les avions de ligne

Faire des avions en papier qui volent sur dix mètres, c’est amusant, cependant ça devient vite lassant. Il est temps pour nous de passer à la vitesse supérieure. C’est pourquoi nous vous convions à un atelier origami organisé le 7 avril prochain dans le cadre d’Animasia « Hors les Murs ». L’événement aura lieu dans les locaux de l’Association Mandora et nous serons accompagnés par l’architecte d’intérieur et créatrice japonaise Sayaka Hodoshima du Studiorigami !

Nous espérons vous y retrouver nombreux et vous disons à bientôt!

Cet article est en partie basé sur celui ci-après rédigé pour le site La Pierre et le Sabre Bourges Iaido : « Origami ».

Auteur : Simon Morgan

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