Joséphine Baker portrait
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Joséphine Baker : Idole pop, figure culturelle

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27 août 2021

Rendre hommage à une femme historique : Joséphine Baker

Joséphine Baker, artiste phare des Années folles et de l’après-guerre en France, va entrer au Panthéon ce 30 novembre 2021. Elle deviendra ainsi la sixième femme à rejoindre ce haut-lieu du patrimoine français, qui abrite aujourd’hui pas moins de quatre-vingt personnalités qui ont marqué l’histoire de France.

Cette décision nous interpelle dans le cadre de la saison 2022 des événement Geekfest, dont la thématique sera « Le Geek au féminin » : un thème qui sera développé lors de l’Angers Geekfest des 2 et 3 avril 2022, et lors du Bordeaux Geekfest des 27, 28 et 29 mai 2022. Joséphine Baker a à ce titre tenu une place importante dans la culture populaire française, à la fois en tant que danseuse, chanteuse et actrice, mais ayant également joué un rôle non négligeable dans la résistance.

Nous souhaitons aujourd’hui revenir sur la carrière de cette figure féminine emblématique, qui continue, aujourd’hui encore, à marquer de son empreinte la pop culture.

Joséphine Baker portrait

Une artiste aux multiples visages

Joséphine Baker, née Freda Joséphine McDonald à Saint-Louis, aux Etats-Unis, en 1906, débute sa carrière artistique encore enfant, en se produisant dans la rue. Adolescente, déjà mariée deux fois, elle rejoint Broadway où elle obtient un petit rôle dans une première comédie musicale, après avoir essuyé plusieurs refus. De fil en aiguille, elle évolue dans ce milieu, jusqu’à ce qu’on lui propose le rôle-titre d’une toute nouvelle revue, qui doit être présentée à Paris en 1925 : la Revue nègre.

Joséphine Baker ceintureLe succès est au rendez-vous. Elle apporte avec elle des danses nouvelles comme le charleston, qui enthousiasment le public. Une autre caractéristique qui a expliqué son succès : le fait qu’elle danse moitié nue, poitrine visible, vêtue d’un pagne et de fausses bananes … Sa très célèbre « ceinture-banane » qu’elle arborera aux Folies Bergères est d’ailleurs toujours exposées dans sa propriété du Château de Milandes.

Au fil des années, elle passera également par la chanson – dont une de ses plus connues est sans doute J’ai deux amours – et par le cinéma, jouant entre autres aux côtés de Jean Gabin dans Zouzou, en 1934. Véritable égérie, elle participera aussi à la renommée de la haute couture française après 1945, en portant lors de ses spectacles des tenues de Christian Dior et de Pierre Balmain, dont elle était proche.

Elle ne cessera jamais de fréquenter la scène du music-hall, même lors de ses dernières années, qui seront difficiles pour elle. Elle décède en 1975, après la quatorzième représentation de son dernier spectacle, Joséphine à Bobino.

Joséphine Baker âgée

Une vedette engagée

L’exotisme que Joséphine Baker a apporté à ses débuts, et sur lequel ont beaucoup capitalisé les producteurs, n’est pas l’unique facette à conserver de l’artiste. Il serait injuste et trompeur de réduire Joséphine Baker à une beauté fatale et noire. Toute sa vie, elle s’est engagée en faveur de différentes causes, qui expliquent également sa renommée actuelle.

Dès le début de la seconde guerre mondiale, Joséphine Baker s’engage dans les rangs du contre-espionnage français, et soutient la Croix-Rouge en menant avec ce mouvement plusieurs actions. Son engagement permettra d’importants transferts d’informations et des mises en relation nécessaires. Elle jouera un rôle crucial pour la France, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Les services rendus à la France par son intermédiaire lui vaudront d’être décorée de plusieurs médailles – celle de la Résistance française et celle de la Croix de Guerre 1939-1945 – et d’être ordonnée Chevalier de la Légion d’honneur.

Joséphine Baker s’est aussi largement engagée pour la cause des Afro-Américains. Elle voyagera régulièrement aux Etats-Unis pour soutenir le mouvement des droits civiques, alors qu’elle-même est victime de racisme durant ses premiers séjours. Elle déclarera d’ailleurs à propos de son arrivée en France : « Un jour j’ai réalisé que j’habitais dans un pays où j’avais peur d’être noire. C’était un pays réservé aux Blancs. Il n’y avait pas de place pour les Noirs. J’étouffais aux États-Unis. ». Elle participera à plusieurs manifestations organisées par Martin Luther King, et prononcera un discours resté célèbre lors de la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté en 1963, vêtue de son uniforme de l’Armée de l’air et de ses décorations militaires.

Sa vie a été dédiée à la recherche de la liberté, qu’elle défendra autant dans sa carrière, dans ses engagements politiques, et dans sa vie personnelle.

Joséphine Baker uniforme

L’héritage de Joséphine Baker

L’artiste aura marqué son époque de diverses manières, tantôt sur scène, tantôt en coulisses. Naturalisée française en 1937, elle a apporté à la France une aide précieuse en tant de guerre, et fait avancer la lutte anti-raciste, des deux côtés de l’Atlantique. Ces deux critères ont été mis en avant pour justifier sa panthéonisation, même si son corps continuera de reposer à Monaco.

Mais, bien avant cette décision politique, la figure de Joséphine Baker a été reprise, et a beaucoup été utilisé dans des œuvres de pop culture. On lui aura rendu hommage dans des films, des opérettes, des chansons, de son vivant et après sa mort.

Encore aujourd’hui, le nom de Joséphine Baker et ses engagements sont repris pour signifier la lutte, l’implication. On la retrouve comme personnage récurrent dans la bande dessinée Odilon Verjus, de Yann Le Pennetier et Laurent Verron, et comme source d’inspiration directe de l’agent Joé dans Les Brigades du temps, de Kris et Bruno Duhamel.

Le château des Milandes, propriété emblématique de l’artiste, est devenu un musée consacré à sa vie et à son œuvre – sa visite vaut le détour, si vous passez par la Dordogne. C’est dans cette demeure qu’elle a accueilli et adopté plus de dix enfants abandonnés d’origines différentes, constituant sa « tribu arc-en-ciel ». Elle se battra sur la fin de sa vie pour ne pas en être expulsé, mais devra revendre la propriété en 1968.

Château des Milandes

Femme, noire, engagée, tenace et libre, Joséphine Baker est aujourd’hui un véritable symbole, qui dépasse la dimension artistique et folkloriques des années 1930.

Une femme dans l’Histoire

Vous l’aurez compris, le choix de panthéoniser Joséphine Baker n’est pas anodin. N’ayant rien volé de cet honneur, elle est de plus la première femme à y entrer seule, sans être la compagne de, ni une figure parmi d’autres. Enfin, Joséphine Baker sera la première artiste, et la première femme noire, à entrer dans ce temple dédié aux « grands hommes ».

Après l’inhumation de deux résistantes – Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz – en 2015, et de Simone Veil en 2018, Joséphine Baker amplifie un mouvement qui tend à rendre hommage aux grandes femmes de l’histoire, trop souvent oubliées, ou invisibilisées.

C’est dans cette optique que l’illustratrice Catel Muller a dédié plusieurs de ses œuvres à des personnages féminins historiques majeurs, à l’instar de Olympes de Gouges, Kiki de Montparnasse ou Edith Piaf. Une de ses bandes dessinées porte sur Joséphine Baker, dont le destin l’a inspirée.

Une bande dessinée pour rendre hommage à cette avocate de la cause féministe, qui, par sa conduite, ses actions et son mode de vie, a contribué à montrer la voie d’une liberté qui n’était pas encore.

Joséphine Baker Washington

Joséphine Baker fait ainsi partie de ces femmes qui, aussi bien sous la lumière des projecteurs que dans l’ombre du secret, se sont engagées, et ont fait progresser les causes qui étaient chères à leur cœur. Une artiste phare de la culture populaire du milieu du XXe siècle, dont le nom résonne toujours dans la pop culture contemporaine, et dont l’exemple peut être suivie. Une personnalité qui a tout à voir d’une Geek au féminin.

Je ne peux que vous inviter à en découvrir davantage sur Joséphine Baker, dont nous n’avons fait qu’effleurer la vie à travers cet article.

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